Le thème retenu pour la 147e commémoration du combat de Camerone, en avril prochain, s’intitule “Frères d’armes”.
Ce choix intéresse, à l’heure qu’il est et en premier chef, les lecteurs “créatifs” qui fournissent tous les ans leurs projets, contribuant à faire du concours annuel d’affiches une belle banque de données de l’expression artistique que la Légion leur inspire.
Et cette année, l’entreprise est de taille : la fraternité d’armes n’est pas simple à illustrer, tant ce sentiment a une résonance humaine particulière.
L’expression même de “frères d’armes” vient de loin. C’est celle d’une force sacrée qui traduit un corps commun, un sentiment transcendant, à la fois horizontalement (ses frères à gauche, à droite, de l’arrière et de l’avant) et verticalement (ses chefs, comme ses subordonnés). Elle atteste de la compréhension de chacun que cette force commune pousse à s’élever, vers plus haut que soi, dans un besoin rendu évident par les circonstances, mais surtout par la communion de destin dans laquelle elles sont vécues.
C’est aussi un choix d’humanité, dans lequel le simple geste “pour l’autre” l’emporte sur l’individualisme, les croyances quelles qu’elles soient. Frères d’armes, enfin, est un sentiment d’action car l’acte, celui du “faire ensemble”, du vécu partagé, crée à lui seul la fraternité.
Être frères d’armes ne se décrète donc pas. Cet état fraternel ne se vit pas non plus comme un challenge mais relève du réflexe de soldat, naturel dès lors que le sentiment d’appartenance, d’identification à l’action commune est partagé.
Lutter, peiner, vivre dans un état risqué, craindre pour quelque chose de plus grand que soi, ensemble, induit forcément un fort attachement à l’autre, qui va de l’estime à l’affection.
Être et agir en frères d’armes, bien au-delà de l’image d’Épinal, c’est de ne plus douter en se retournant, se surprendre à donner sans compter, sentir que dans son application comme dans son expression, l’esprit de famille prévaut et prime sur tout.
Alors, bon courage à nos artistes partenaires et bonne lecture à tous.
Le chef de bataillon Bertrand MOREL