"Lorsque vous arriverez à la tresse bleue, que le groupe de gauche sera à la marque verte et que vous entendrez "top !" sur le réseau, vous aurez dix secondes pour abattre les cibles ; après quoi, restant bien alignés, vous monterez à l'assaut en respectant le fil d'Ariane qui court vers l'objectif,... et appliquez-vous : c'est la cinquième fois qu'on recommence et on ne va pas y passer la nuit !".
Honnêtement, nous avons tous conservé une phrase du même genre, coincée dans notre mémoire à la case des mois d'instruction ou celle des répétitions laborieuses de démonstrations qui, finalement, ne se déroulaient pas si mal et avaient "quand même de la gueule". Pour autant qu'il ait été satisfaisant par le passé, rester à ce niveau d'exigence aujourd'hui équivaudrait à marcher à reculons sur un escalator...
Le panorama qu'offrent les cycles de préparation avant projection, le niveau de réalisme des exercices proposés au CENTAC, CENZUB et surtout ceux pratiqués dans les régiments, attestent d'une volonté bien réelle d'approcher au plus près de la réalité, celle vers laquelle on cherche toujours à tendre : la réalité du combat. L'adaptation, en très peu de temps, des moyens et centres d'entraînement traduit cette volonté de coller au plus juste à la nature même des engagements de l'armée de Terre d'aujourd'hui, plus durs, plus longs, plus complexes. Au compteur de ce premier trimestre 2010, tous les "numéros" de régiments ont fait, au moins, un séjour en Afghanistan, après avoir chacun pratiqué le rythme cadencé des préparations : informations complètes sur le théâtre, drill commun, partenariats interarmées, voire internationaux.
Mieux appréhender la nature des opérations et du terrain, l'épaisseur des difficultés liées aux implications humaines, amies ou adversaires, la rusticité des conditions de vie, c'est à cela que concourent la rigueur des entraînements et le degré d'imagination qu'on y affecte.
A Djibouti, comme au bataillon Hermès, l'affirmation rigueur + imagination = réalisme se vérifie sur le terrain, en un instantané, à des années lumières des démonstrations d'antan. Une application stricte des procédures, valorisée par une dose motivante d'inventivité dans les thèmes, cas concrets ou détails d'environnement, constituent les ingrédients clés d'exercices à la haute valeur ajoutée.
La mise en situation réelle, sans tresse bleue ni fil d'Ariane, et les résultats critiqués en fin de scenario, sont les seuls indicateurs de niveau qui vaillent. Eprouvées avec réalisme, c'est à ce prix que nos unités gagnent leur label de crédibilité.
Bonne lecture à tous,
Le chef de bataillon Bertrand MOREL