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Mot du rédac'chef - KB n° 724

Mot du rédac'chef - KB n° 724

"On ne cesse pas d’être légionnaire au moment où on quitte l’uniforme. On le reste jusqu’à la mort, et c’est bien jusque-là, jusqu’à la gauche, comme ils disent, que servent les légionnaires." Georges Manue.

 

Le 30 juin dernier, quarante-deux jeunes engagés volontaires du 4e Étranger recevaient leur képi blanc. Il ne s'agissait ni d'une autre cérémonie ni d'une prise d'armes supplémentaire. Le lieu, comme les hôtes, ne souffrait pas le hasard : à Auriol, les novices étaient sur la "terre des anciens" pour un véritable passage de flambeau.
Auriol... initiative de génie du premier père Légion, le général P-F Rollet. L'acquisition du domaine de Vède a ouvert des perspectives familiales concrètes à l'Institution, elle y a consolidé les fondations de la solidarité, de l'entraide et de l'esprit de corps.

 

Ce 30 juin n'était donc pas une visite à l'hospice, une pénible corvée, exécutée de mauvaise grâce. Cette remise de képi blanc s'est déroulée à Auriol parce que c'est de la proximité des cadets et de leurs anciens, dès le point de départ, que dépendent la direction, la profondeur et la qualité dans lesquelles est creusé le sillon initial. L'adage "Si tu veux tirer droit, attache ton soc à une étoile", peut se traduire en langage Légion par : "Avant d'ouvrir ton chemin, va d'abord parler à l'ancien". Pour les retraités, la transmission du relais s'habille d'un double sentiment : une grande fierté et une fidélité confortée. Comme si l'esprit du coeur prenait le pas sur l'esprit de corps...

 

L'état d'esprit de l'ancien est celui d'un père qui regarde son fils, apprécie l'honneur que sa présence lui procure et est comblé de la fierté qu'il ressent. Celle d'appartenance à la même caste, à la communion aux mêmes rêves et aux mêmes valeurs. Profondément fier, s'il n'a porté l'uniforme depuis longtemps, il se redresse devant le jeune qu'il identifie, immédiatement, comme l'un des siens.

Qualité fondamentale, la fidélité de l'ancien est intacte. Parfois dormante, plus souvent active, elle est l'expression de sa vitalité et vibre à nouveau, au contact de son cadet. Son apparition le renvoie à l'indécis timoré, puis le candidat qu'il a été ; à celui qui, défait de sa tenue, n'en a pas moins gardé une grande reconnaissance avant de construire sa vie d'homme, avec ce que la Légion lui a apporté, a su révéler de meilleur en lui. Qu'il ait ou non réussi "dans" sa vie importe finalement
peu, dès lors qu'il est certain d'avoir réussi, plus simplement, "sa" vie...

L'hommage du jeune à l'ancien, sans réveiller aucune amère nostalgie, incarne l'esprit du coeur, le lien filial qui, mystérieusement, retient étroitement l'un à l'autre deux hommes qui, sans se connaître, se... reconnaissent.

Bonne lecture à tous,

Le chef de bataillon Bertrand MOREL

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